Anticiper!
Mondial | Publication | octobre 2021
Interview parue dans Le Figaro Partner du 20 octobre 2021
Comment définir votre ADN ?
Philippe Hameau : Norton Rose Fulbright à Paris intervient auprès d’entreprises, notamment des filiales françaises de groupe internationaux, confrontées à des difficultés qui mettent en risque leur pérennité. A cet égard, nous prônons une culture de l’anticipation. Diagnostiquer le plus en amont possible les difficultés qui peuvent advenir, mettre en place les outils procéduraux adaptés sans tarder, c’est-à-dire avant que les difficultés avérées ne viennent détruire de la valeur et n’entame la confiance des partenaires de l’entreprise, c’est capital pour parvenir à une restructuration réussie.
Trop souvent encore nous sommes consultés lorsque l’impasse de trésorerie est déjà présente. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus rien à faire mais que la palette de solutions qui s’offre à l’entreprise s’est déjà considérablement réduite.
Une approche qui trouve sa légitimité dans l’actualité.
P.H : Grâce à la mise en œuvre rapide et généreuse des mesures de soutien à l’économie les entreprises ont pu passer la crise liée à la pandémie et il faut évidemment s’en réjouir. Reste que le calme que nous connaissons et la baisse significative des défaillances d’entreprises sur 2020et 2021, ne doit pas dissimuler que la sortie de crise pourrait être compliquée. On pense bien entendu au entreprises qui ont augmenté leur endettement pendant la crise COVID ( PGE, report de charges sociales…) et qui vont devoir commencer à rembourser. Mais d’autres difficultés surviennent là où ne les attendait pas forcément : augmentation du coût de l’énergie, des matières premières, goulet d’étranglements dans la logistique, pénurie de composants électroniques, pénurie de main-d’œuvre. Ces facteurs risquent de pénaliser la reprise et de précipiter certaines entreprises qui dans des difficultés économiques alors même - et c’est tout le paradoxe – que leur marché redémarre vigoureusement.
Ici encore l’anticipation sera déterminante. Il faut que les chefs d’entreprise sachent qu’il existe des procédures adaptées, confidentielles et très efficaces qui leur permettent de négocier avec leurs créanciers. Il faut qu’il sache qu’ils trouveront dans les tribunaux de commerce un accueil attentif et bienveillant.
Quelle est votre vision de la suite ?
P.H : La crise que nous venons de traverser est tout à fait inédite. Même si les mesures prises par le gouvernement ont été d’une grande efficacité, on peut penser que l’heure de vérité ne va pas tarder à sonner. Au risque de me répéter il faut redire encore aux chefs d’entreprise de regarder plus que jamais leurs prévisions de trésorerie et de réagir à la moindre alerte prévisible. Les pouvoir publics sont bien conscients des risques de dégradation de la situation des entreprises. En témoigne par exemple le fait que la garantie de l’Etat sera maintenue en cas de rééchelonnement des PGE au-delà de leur durée d’origine dans le cadre d’une procédure de conciliation, de sauvegarde ou de redressement judiciaire. Il s’agit là, évidemment d’une incitation forte aux banques créancières d’accepter les plans de réaménagement des PGE.
Quelle est la durée moyenne d’une procédure de restructuration ?
P.H : Elle varie selon les difficultés rencontrées et les procédures mises en œuvre. Classiquement les procédures dites amiables qui sont je le rappelle confidentielles - mandat ad hoc et conciliation – peuvent se succéder et durée plusieurs mois selon la complexité du dossier. La durée des procédures dites collectives - sauvegarde ou redressement judiciaire – dépend d’un certain nombre de facteur et notamment de la capacité de l’entreprise à financer son activité pendant la procédure. Elles peuvent théoriquement durer jusqu’à 12 mois. Il existe cependant une procédure accélérée pour les entreprises qui auront réussi à convaincre la majorité de leurs créanciers d’adhérer au plan de restructuration proposé dans le cadre d’une conciliation et qui permettra dans un délai réduit d’imposer ce plan au créancier qui l’aurait refusé dans la conciliation.
S’il y avait un seul message à faire passer, ce serait le suivant : Il y a certainement aujourd’hui nombre d’entreprises asymptomatiques c’est-à-dire des entreprises porteuses de difficultés économiques qui ne sont pas encore déclarées. La vigilance s’impose et il ne faut surtout pas hésiter à prendre des conseils le plus tôt possible.
Subscribe and stay up to date with the latest legal news, information and events . . .