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Canada | Publication | 6 février 2023
La Colombie-Britannique a annoncé qu’à la suite de la décision Yahey v British Columbia1 de 2021, elle s’était entendue avec cinq des Premières Nations signataires du Traité n° 8 relativement à la gestion des ressources naturelles de la province. Les accords, qui n’ont pas encore été rendus publics, prévoient des modifications importantes à la façon dont les ressources seront exploitées dans la province à court terme et dans les années à venir.
Les accords sont le fruit de négociations entamées dans la foulée de la décision de la Cour suprême de la Colombie-Britannique en 2021, qui avait donné raison aux Premières Nations de la rivière Blueberry contre la province. Cette dernière a décidé de ne pas faire appel.
Dans cette décision, la Cour, après avoir vivement critiqué de nombreux aspects du régime de réglementation de la province, avait conclu que les effets cumulatifs du développement industriel avaient gravement porté atteinte aux droits conférés par traité aux Premières Nations de la rivière Blueberry, leur retirant toute capacité concrète d’exercer leurs droits en vertu du Traité n° 8 sur leur territoire traditionnel. Plus précisément, elle avait estimé que les processus réglementaires de la Colombie-Britannique ne tenaient pas convenablement compte des effets cumulatifs ni ne prévoyaient des consultations suffisantes à cet égard et que la province n’avait pas mis en place de mécanismes d’application de la loi efficaces pour limiter la mise en valeur afin que les droits conférés par traité aux Premières Nations de la rivière Blueberry ne soient pas touchés par ces effets. La Cour a donc ordonné à la Colombie-Britannique et aux Premières Nations de la rivière Blueberry d’agir avec diligence afin de s’entendre sur une approche concertée de la gestion des ressources tenant compte des effets cumulatifs.
Les accords annoncés sont l’aboutissement de ces négociations ainsi que de nouvelles négociations avec quatre autres Premières Nations signataires du Traité n° 8 : Fort Nelson, Saulteau, Halfway River et Doig River. La province a confié qu’elle avait entamé des discussions avec trois autres Premières Nations signataires du Traité n° 8 : West Moberly, Prophet River et la Bande indienne de McLeod Lake.
Si davantage de précisions seront fournies au cours de prochaines semaines, les grandes lignes des accords ont été rendues publiques.
Le 18 janvier 2023, la Colombie-Britannique a annoncé un accord de mise en œuvre des Premières Nations de la rivière Blueberry (accord de mise en œuvre) qui comporte une composante financière visant des activités de remise en état et d’assainissement et la mise en place d’un cadre de gestion des ressources.
L’accord de mise en œuvre prévoit notamment ce qui suit :
En matière de PGN plus particulièrement, l’accord de mise en œuvre prévoit également une collaboration entre la province, des entreprises et les Premières Nations de la rivière Blueberry ainsi que d’autres nations dans le cadre de plans de mise en valeur, dont les mesures suivantes :
L’accord de mise en œuvre prévoit également un montage financier de 87,5 M$ pour les Premières Nations de la rivière Blueberry et un fonds de réhabilitation des terres de 200 M$ et le partage d’éventuelles recettes en redevances procurées par l’exploitation du pétrole et du gaz avec ces dernières.
Bien que l’accord de mise en œuvre n’ait pas encore été rendu public, la Oil and Gas Commission of British Columbia a déjà publié un sommaire détaillé (en anglais) de sa participation à la mise en valeur en matière de PGN.
Le 20 janvier 2023, la Colombie-Britannique a annoncé être parvenue à un consensus avec quatre autres Premières Nations signataires du Traité n° 8 [TRADUCTION] « afin d’adopter une approche concertée de la planification de l’utilisation des terres et des ressources et de proposer des solutions régionales qui profiteraient à l’ensemble des populations vivant dans le nord-est de la Colombie-Britannique et sur le territoire visé par le Traité n° 84». Cet ensemble d’initiatives concertées, appelé « document de consensus », engage de manière similaire la province à mettre en place des mesures afin de gérer les effets cumulatifs de l’exploitation des ressources sur les droits conférés par traité aux signataires, comme de nouveaux plans d’utilisation des terres et de nouvelles mesures de protection ainsi qu’une approche inédite de partage des revenus.
Les grandes lignes de l’accord de mise en œuvre et du document de consensus, s’ils sont mis en œuvre dans leur intégralité, représentent un changement de cap important dans la gestion des ressources des territoires visés par les accords dans les années à venir.
Selon la province, les accords doivent ouvrir la voie à une future mise en valeur qui [TRADUCTION] « transformera la façon dont la province et les Premières Nations gèrent ensemble les terres, l’eau et les ressources et compensera les effets cumulatifs sur [le territoire visé par le Traité n° 8]5». Ainsi, les promoteurs peuvent s’attendre à ce qu’une consultation quant aux effets cumulatifs sur les droits conférés par traité soit expressément exigée lorsque des approbations doivent être obtenues; le nouveau régime de réglementation visera à évaluer les effets cumulatifs sur les droits conférés par traité aux Premières Nations de façon détaillée et des nouveaux mécanismes seront mis en place pour limiter la portée de la mise en valeur là où ces effets auront été repérés.
Bien que le résultat prévu puisse être adapté à la décision rendue par la Cour suprême de la Colombie-Britannique dans l’affaire Yahey, les accords risquent à court terme de susciter une certaine incertitude en matière de réglementation dans le secteur, étant donné que les modalités mêmes du nouveau cadre devront être définies dans les années à venir. Reste notamment à déterminer ce qui suit :
Les conséquences, dans leur intégralité, des accords annoncés par la Colombie-Britannique sur la mise en valeur et la gestion des ressources dans la province demeurent inconnues. Il convient de noter que, dans l’affaire Yahey qui a mené à la décision de la province de trouver une solution concertée aux enjeux liés aux effets cumulatifs du développement industriel, la Colombie-Britannique n’a pas plaidé que les infractions alléguées étaient justifiées ni fait appel de la décision de la Cour suprême. Nous ne disposons donc toujours que de peu d’indications sur la façon dont les tribunaux d’autres provinces ou territoires du Canada, cours d’appel ou autres, pourraient trancher la question des effets cumulatifs.
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